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Pierre Caye : Durer – Éléments pour la transformation du système productif (Les Belles-Lettres, 2020).

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Essais inédits , dialogue M. Deguy / Pierre Caye

Michel Deguy est un poète, traducteur et essayiste français né le 23 mai 1930 à Paris, rédacteur en chef de la revue Po&sie.

Pierre Caye est un philosophe et directeur de recherche au CNRS. Il a fondé le groupement de recherche international du CNRS «Savoirs artistiques et traités d’art de la Renaissance aux Lumières».

Michel DEGUY • Pierre CAYE

MICHEL DEGUY: Pierre Caye est un savant hors pair, doctissime

Théoricien, est-il irréfutable ? Mais s’agit-il d’une théorie, dont la « falsifiabilité » garantirait la scientificité ?

Que pourrait être le « se tromper » dans son cas ?

L’affaire est celle du patrimoine, et de l’espoir que Caye entretient quant au sens traditionnel de la patrimonialité. Une autre clairvoyance est-elle « opposable » ?

La mévue n’est pas une bévue.

Voici les généralités de mon approche différente qui porte sur la faiblesse de la notion d’« environnement » ;Le trop tard de l’écologie impuissante ; L’ignorance du phénomène culturel social total, qui a dépatrimonialisé le patrimoine en le « culturel-isant » ;L’hégémonie trompeuse de la permanence de termes, non seulement vidés de leur sens, mais remplacés par leur contraire à mauvais escient ;La faiblesse insigne de la distinction spiritualiste entre matériel et immatériel (que la notion lyotardienne de « l’immatérial » n’a pas amendée), si la matérialité est celle du signifiant ;L’obsolescence de l’homme (Günther Anders), et sa fin prochaine.

Il est stupéfiant que dans un ouvrage aussi considérable que Durer, qui fait suite à un exercice de lucidité aussi éclairant que celui qui concerne « la destruction créatrice », c’est-à-dire la pensée-unique économiste de la croissance par la consommation, aucun développement autonome ne cible la publicité, qui est le foyer central de l’annihilation.

La publicité n’est pas « un aspect des choses ». Le moteur de la croissance de la croissance est la relance par la novation. Un rasoir à cinq lames, « qui change la vie », relègue à la déchetterie le rasoir à quatre lames – en attendant le six lames. La 5G c’est beaucoup mieux que la 4G, en attendant la 6.

Mais l’obsolescence, pour l’oreille philosophique, c’est en fin de compte l’obsolescence de l’homme, comme l’avait vu Günther Anders.

Reprenons.

Hitler conquit son peuple et l’Europe par la propagande.

Or la publicité est 10ⁿ fois plus puissante que la vieille propagande. Il faut regarder cette méduse en face, sous peine de cécité.

  1. a) La vie des humains au 21 siècle est entièrement «servitude»
  1. b) La publicité occupe tous-les-écrans (comme eût dit Lagarce)
  1. c) Ce phénomène social total est dénié par la publicité.
  1. d) L’énoncé publicitaire (L’Oréal lave plus blanc), le slogan, ni vrai
  1. e) La signification kantienne, ou des « Lumières », de l’espace
  1. f) La « servitude volontaire », mutée en obéissance massivement.

Ne pas reconnaître ces faits, c’est se laisser méduser.

PIERRE CAYE: Vous vous étonnez du peu de place qu’accorde à la publicité ma critique du système productif et de l’économie de marché, d’omission d’autant plus étrange et déplorable qu’on ne saurait minimiser, et je suis tout à fait d’accord avec vous sur ce point, le rôle considérable que joue la publicité dans la constitution symbolique de notre réalité contemporaine. On pourrait citer à cet égard la formule provocante de Patrick Le Lay, l’ancien P.-D.G de TF1, affirmant que «ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible».

Le P.-D.G de TF1 ne se contente pas de signifier l’importance dans l’industrie des programmes télévisuels de la publicité et de sa puissance financière.

Il dit quelque chose de moins banal, à savoir que la publicité et son efficace dépendent d’un dispositif narratif plus vaste, où elle-même s’inscrit, qui comprend non seulement l’industrie des programmes, mais l’ensemble des activités d’information et de communication ainsi que les nouvelles technologies qui en soutiennent la diffusion, sans oublier la communication politique ou l’ingénierie culturelle. La publicité n’est pas simplement une industrie tertiaire parmi d’autres au service du développement « hyperindustriel » de nos sociétés productives, mais elle constitue un régime général de la narration, omniprésent, dominant et codé, qui conduit sans aucun doute à l’appauvrissement de la langue, de l’imaginaire et de leur ordre symbolique.

Cela ne m’échappe pas.

Pourtant je n’en fais pas le noeud de ma critique. Et assurément je dois m’en expliquer.

À la lecture de l’Action humaine, le grand traité d’économie de Ludwig van Mises de 1949, qui pose les principes de la marchandisation générale de la société, ce que Mises appelle la « praxéologie », je suis frappé par le mépris que ce texte porte à la publicité, qu’il réduit à de la propagande.

Pour Mises, la publicité ne fait que fausser l’allocation optimale des facteurs de production à laquelle conduit la liberté des interactions favorisées par l’échange monétaire.

La publicité n’est rien d’autre, selon lui, qu’un mode d’intervention politique au service des grands trusts – d’où son assimilation à la propagande – dans le libre champ de l’économie.

Pourtant, on ne peut que constater que, sans la publicité, le marché n’aurait pu autant se propager et imposer ses règles, et qu’elle constitue l’un des instruments principaux de la marchandisation générale de la société.

Mais en est-elle pour autant l’essence ? Ou bien n’en est-elle qu’un instrument ou une prothèse ? Il apparaît en tout cas assez clairement que le système économique actuel est un dispositif practicodiscursif complexe qui ne saurait entièrement correspondre aux principes de la doctrine néolibérale mais qui, pour mieux fonctionner, intègre des éléments qui parfois rentrent en contradiction avec celle-ci.

Dans ces conditions, est-il encore nécessaire de parler de thèse et de prothèse, d’essence et de supplément, de centre et de périphérie ? La prothèse ne finit-elle pas par se substituer à ce qu’elle est censée suppléer ?

Mais, pour que cela se vérifie, il faudrait pouvoir renverser la proposition, c’est à dire affirmer non plus que la publicité est l’instrument et la prothèse du marché comme je viens de le faire, mais, inversement, que le marché et l’échange ne sont que la prothèse ou plus exactement le prétexte du devenir publicitaire de la narration qui caractérise les sociétés contemporaines.

Et cela je ne crois qu’on puisse à ce point l’affirmer, du moins en l’état actuel du marché et de son fonctionnement. La publicité rend visible le marché, et tout dispositif practico-discursif a certes besoin de visibilité pour dominer.

Mais, et c’est là sans doute où je m’écarte de vous d’un point de vue proprement philosophique –, le marché domine la société non pas par sa visibilité, mais, au contraire, par l’invisibilité de ses mécanismes, comme en témoigne l’industrie financière, par sa domination aveugle, par son mutisme, dont fait preuve par exemple l’instrument monétaire, une invisibilité et un mutisme que gèrent non pas la publicité, mais les nouvelles technologies fondées sur les big data et les algorithmes dont le règne relève de tout autres principes que celui de la narration, serait-elle publicitaire.

Il faut mesurer aujourd’hui la puissance sur les choses des chiffres qui se substituent aux mots et aux images, et qui destituent ainsi le règne symbolique de la narration publicitaire sur le réel, un règne en lui-même déjà fragilisé par l’appauvrissement de la langue sur lequel il repose.

MICHEL DEGUY: Ici je renforce notre différend. Charles Péguy, l’admirable dreyfusard, l’inoubliable recréateur du monde oublié des Hussards noirs de la République, des instituteurs et du monde du travail, écrit dans L’Argent (1913, Cahier XIV, tome III des OEuvres en prose, édition Pléiade page 800) :

Description de l’ancienneté patrimoniale. C’était l’âge du patrimoine.

Auquel ont succédé des âges de dévastation jusqu’à celui-ci, le nôtre, âge de la défiance, de la vengeance, de la haine en réseaux sociétaux, et de l’ingérabilité des sociétés – que seul le contrôle « chinois », total, implacable, « solutionnera » comme dit la novlangue (pour qui les verbes du troisième groupe sont trop difficiles).

PIERRE CAYE: En agitant le spectre de l’inflation et de ses conséquences sociales, Péguy exprimait d’abord son hostilité aux flux de l’économie que vous symbolisez justement sous la forme des réseaux sociaux et de l’ingérabilité des sociétés.

Et à ce titre vous avez raison de définir sa conception de la société comme patrimoniale s’il est vrai que le patrimoine ne renvoie à rien d’autre qu’à cette part de la richesse que l’on essaie d’une façon ou d’une autre d’extraire des flux du commerce et de l’échange pour former une réserve, un trésor qu’il convient de protéger et de transmettre, conception de la richesse qui s’oppose ainsi frontalement à la gestion anomique du capital que favorise notre époque, par prédation et accumulation sauvages. Il n’est pas d’autre façon d’assumer pour la génération présente sa responsabilité à l’égard des générations futures que de patrimonialiser ce qu’il est nécessaire de transmettre.

Et à ce titre j’adhère pleinement à ce texte de Péguy. J’ajouterai, pour en rester à la dimension économique qu’évoque ce texte, que la patrimonialisation permet de favoriser le développement social sans nécessairement recourir à la croissance.

Je ne crois pas néanmoins que la patrimonialisation des biens soit nécessairement liée à la hiérarchie et à l’inégalité des anciennes sociétés qui l’ont instaurée, et qui l’ont instaurée précisément pour assurer leur développement en l’absence de croissance économique.

Les régimes juridiques qui mettent en valeur la notion de patrimoine aujourd’hui, le domaine public ou le Patrimoine commun de l’humanité, visent au contraire un meilleur partage sinon des biens, du moins de leur usage.

La patrimonialisation est une façon d’étendre l’usage universel et public du capital.

MICHEL DEGUY: « Le couscous entre au patrimoine mondial immatériel universel de l’humanité » — le couscous apaisé, enfin égalé à la pizza, trésor des mois d’avant. Que signifie cet énoncé extravagant ?

Comment le couscous devient-il « immatériel », et du coup patrimonialisé « mondialement » ?

C’est-à-dire partout, i.e. « ni vu ni connu » : il n’a pas lieu d’être mangé.

La valeur, la valeur nietzschéenne, imposa la question universelle du19 siècle « mes valeurs, nos valeurs, tes valeurs »… En quoi a muté la« valeur » ?

Une proclamation de l’ONU arrache une chose à sa matérialité de bon repas goûteux maghrébin.

Je dis « couscous », et hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour en tant que quelque chose d’autre que les merguez connues, musicalement se lève, idée même et suave, l’absent de tout repas.

Opération mondiale médiatique instantanée, le couscous entre au menu de tous les écrans, concurrent publicitaire – pareil à une entrée en Bourse.

Le trésor mondial n’est pas « marchandise » ; mais proposé en fin dernière (« telos ») à l’humanité touristique.

Il faut parler du tourisme.

Le tourisme n’est pas un « secteur économique » parmi d’autres ni le symbole du « loisir » de privilégiés, etc… mais la partie qui montre le tout.

La réponse au « Que faire ? » de Lénine : l’avenir de l’humanité en croisières de curiosité culturelle, en retraites, autrement dit la récompense de vivre enfin (en fin de vie, occultée par la longévité), pour sa seconde moitié désoeuvrée (de 60 à 100 ans).

PIERRE CAYE: De mon côté, j’aborde la notion de patrimoine plus en juriste qu’en administrateur de la culture. Le patrimoine, avant deconcerner la conservation des biens culturels, définit d’abord un régime général des biens. Or, le patrimoine culturel qui apparaît pour l’opinion commune comme le patrimoine par excellence, se révèle sur ce point de plus en plus vulnérable. La politique culturelle actuelle consiste à marchandiser le patrimoine, à en faire une source de profit, c’est-à-dire, si on s’en tient du moins à la définition du patrimoine que je viens de donner plus haut, à « dépatrimonialiser » le patrimoine, à le réintégrer dans les flux commerciaux dont son régime juridique tend pourtant à l’extraire ; en témoigne le récent rapport Perrault-Bélaval qui vise à transformer l’environnement de Notre-Dame – l’Hôtel-Dieu ainsi que les sous-sols de la place de Lutèce et du parvis de la cathédrale – en zone commerciale. Je ne crois pas que ce projet soit à la hauteur des sentiments qu’a partout suscités l’incendie de Notre-Dame. Il est évident que cette marchandisation du patrimoine artistique est étroitement liée au développement du tourisme et de ses nouvelles pratiques que vous dénoncez.

Ne reste plus du patrimoine au ministère de la Culture que le nom de sa direction. Reste à définir ce que doit être une véritable politique culturelle du patrimoine au service du public, digne des enjeux politiques, juridiques et sociaux qu’implique cette notion prise en son essence.

Sans doute faudrait-il déjà s’engager dans un processus de «démarketing» du patrimoine comme certains acteurs publics au demeurant commencent à le préconiser.

MICHEL DEGUY: Venons-en au Gestell. Je ne crois pas du tout que

« l’industrialisation scientifique du monde », selon une des formulations

à cause d’une vue rendue myope par la « mobilisation totale » (Jünger) au service du Plan. L’hypercomplexité Big Data. I.A., la screenisation générale de l’existence (notre « vie » est une application), l’identification par ADN et algorithmes ne font que déployer le Gestell, le prouver, si on peut dire.

PIERRE CAYE: Je ne dis pas que le Gestell ou dispositif de la technique ne puisse décrire notre siècle.

Davantage, je reconnais pleinement avec Heidegger la nature métaphysique du dispositif, le fait qu’il représente unétat du système, c’est-à-dire de l’articulation de l’être humain, du monde et du principe qui, sous forme du dispositif technique, se présente pétrifié, bloqué, réduit à l’immanence radicale d’une exposition universelle d’étants. Mais je suis moins en accord avec l’idée heideggérienne que le règne de la technique constitue la fin ou l’accomplissement de la métaphysique, et que l’histoire de cette métaphysique se résume à ce long processus de subjectivation et de rationalisation du réel au service de sa disponibilité infinie. À la suite de la crise de 1929, la technique vient à dominer l’économie ; Heidegger ne parle jamais d’économie ; la technique à ses yeux vaut pour toute domination. On ne saurait pourtant faire le procès la domination actuelle sans questionner l’économie ; de fait, à partir des années 1980, la révolution néo-libérale renverse ce rapport : c’est l’économie qui détermine la technique comme en témoigne la théorie économique,aujourd’hui dominante, dite «de la croissance endogène».

La nature du dispositif s’en trouve radicalement changée ; le triomphe du marché s’accompagne d’un processus de désubjectivation qu’Agamben décrit dans son petit essai sur Qu’est-ce qu’un dispositif ?

Le marché ne repose plus, comme le Gestell technique, sur une accumulation de subjectivité, mais, ainsi que le note Sloterdijk dans La mobilisation infinie, sur une accumulation, je dirai plutôt une intensification, de l’énergie cinétique.

Ce n’est plus le blocage du système, sa rationalisation, qui sont en cause, mais sa fluidification, sa désinstitutionnalisation généralisées, voire son chaos organisé.

Nous passons de la mobilisation totale à la mobilisation infinie.

Or, les notions de mise en mouvement et de mobilité ne sont pas les mêmes d’une mobilisation à l’autre. La question de la métaphysique et de sa critique change alors de nature : il ne suffit plus de dénoncer le primat de l’acte sur la puissance qui caractériserait l’ontologie traditionnelle, mais de remettre en cause le couple de l’acte et de la puissance en son ensemble, comme origine de la mobilisation du monde et de l’intensification de son énergie cinétique. Ce qui implique une critique non plus interne mais externe de l’ontologie qui renvoie à son tour à une tout autre généalogie de la métaphysique, celle non plus de l’oubli de l’être, mais de l’oubli de son autre : l’un.

Ce qui m’a conduit à relire les néoplatoniciens, Plotin, Proclus, Damascius, les penseurs de l’un, de façon assez différente par rapport à ceux qui se contentent d’en faire la matrice de l’onto-théologie.

MICHEL DEGUY: «Die Frage nach dem Dinge». De quoi est-il question avec Heidegger ?

Il s’agit du rapport de l’Être au Dire, (« einaï/legeïn »).

L’être «veut dire».

Que veut dire «ça veut dire» ?

Or se joue en ce siècle le destin de « l’être-parlant ». Les êtres-parlant sont expulsés du langage de leur langue. Certes la domestication prête son ouïe anthropomorphiste à un «vouloir dire» du chat, du chien, du cheval. Mais le «vouloir dire» de la girafe au vermisseau, ou du platane au chêne, n’est pas audible.

Or j’ajoute que je ne crois pas que l’écologie salvatrice repose sur cette croyance.

L’être veut dire. Il invente la parole (« le logos »).

Il veut dire quelque chose en choses qui le font oublier. La différence entre «étant», chose, objet est pensable, dans l’attention à Heidegger.

PIERRE CAYE: Vous rappelez combien Heidegger est le philosophe par excellence de la différence, précisément parce qu’il est le seul à fonder la différence anthropologique entre l’homme et l’animal (le Da-sein) sur la différence métaphysique, et plus précisément, ontologique, entre l’Être et les étants. Davantage, vous rappelez que la Parole articule ces deux différences l’une à l’autre, et les fait vivre. L’expulsion hors de la langue des êtres-parlants est la conséquence de la réduction de la différence.

Et vous êtes tout à fait en droit de me demander : «Et votre différence, parle-t-elle ? Où est sa possibilité poétique ?» L’architecture est à mes yeux la poétique de l’Un, ce qui assure la médiation entre l’un et l’être dans le respect de leur irréductible différence ; la poétique architecturale est inscrite, pour le meilleur et pour le pire, au sein même du système productif, au risque de s’y dissoudre mais aussi, pour contrepartie, avec la possibilité même de le renverser de l’intérieur. Il est vrai qu’il y a quelque chose de mutique dans l’architecture. N’est-elle pas, comme l’écrit Nietzsche dans le Crépuscule des Idoles, l’art « qui n’a pas besoin de démonstration, qui dédaigne de plaire, qui répond difficilement, qui ne se sent pas de témoin autour d’elle, qui, sans en avoir conscience, vit des objections qu’on fait contre elle » ! En devient-elle pour autant étrangère à la Parole ?

MICHEL DEGUY: C’est le transcendantal qui demande à être repensé.

La relation kantienne de la subjectivité à l’objectivité reposant sur la distinction séparatrice du phénomène et du noumène aboutit à la dualité postmarxiste, disons communiste, du «subjectif erroné» et de «l’objectif» décrété par l’État totalitaire.

Il n’y a pas d’en soi. Le phénoménal, notre monde de la Terre, ouvre l’être «comme il est».

La différence hénologique ne «remplace» pas, venue des néoplatoniciens, la différence ontologique. L’être et l’un, c’est la question parménidienne : l’Un et le Multiple.

La multiplicité est la splendeur éclatée de l’un.

PIERRE CAYE: Oui, bien sûr, la transformation du système productif, la démobilisation du marché sont une affaire de transcendantal.

Le transcendantal se présente sous deux modalités : esthétique et métaphysique.

L’esthétique transcendantale rend raison de notre rapport au temps et à l’espace, qui lui-même conditionne nos conceptions et nos perceptions ; le transcendantal métaphysique relève de la différence, l’ontologique ou hénologique, peu importe ici. Heidegger a su mieux que tout autre entretisser ces deux modalités, et faire de ce tissage le travail le plus haut de la philosophie. Simplement, il me semble que, pour répondre à l’instantanéisme et à l’ubiquisme du marché et des nouvelles technologies de l’information et de communication qui en assurent la logistique, il importe de dilater l’espace et le temps, qui relève d’un espacement, d’une «diastématisation», d’une mise en intervalle, requérant une force de tenue et de maintien que seule est en mesure de garantir la différence hénologique, c’est-à-dire la différence entre l’un et l’être, entre le principe de cohérence du monde et son principe d’existence.

C’est pourquoi, j’hésiterai à chanter avec vous «la splendeur éclatée de l’un», qui conduit à la dispersion et à la dissémination du multiple jusqu’à l’impossibilité même de le penser comme nous en avertit Platon dans son Parménide. La différence ontologique est alors dissoute, à moins que la violence divine, au sens de Benjamin, vienne relever l’être, son éclatement et son éclat. Je préférerais parler pour ma part de la splendeur de l’un imparticipable, de son ermitage, de son retrait par rapport à toute substance, de toute unitotalité immanente, qui fait de la différence hénologique la gardienne même de la différence ontologique.

Voilà sans doute le point sensible de notre différend sur la différence: la différence l’ontologique a-t-elle besoin d’une garde ? Si oui, cette garde relève-t-elle encore du travail de la métaphysique (ma position) ou dépend-elle d’événements singuliers, voire, comme l’évoque in fine Heidegger, de la possibilité, sinon de l’advenue, d’un dieu.

Transcription du débat entre Pierre Caye et Michel Deguy ayant débuté le 24 mai 2019 par l’intervention de Michel Deguy dans le cadre du séminaire Art, technique, production dirigé par Pierre Caye et qui s’est poursuivi à la suite de la publication du nouveau livre.

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Source autour de la presse . Le Monde diplomatique

Le Monde diplomatique / N°784 / 07 2019

Réconcilier l’industrie et la nature  / Jean  Gadrey.

Aux travers de ces quelques chiffres cet article annonce une tendance plutôt noire

Entre  1974 et 2017 , le poids de l’industrie dans l’emploi total – incluant la production d’énergie et les industries extractives , construction exclue – a chuté de 24,4% à 10,3 % , la part des services marchands ou non, a atteint 81% en 2017 . L’industrie ne produit plus que 14% de la valeur ajoutée chaque année. Cet article met en lumière une nouvelle mise en œuvre de l’industrialisation au travers d’une méthode  basée sur une production liée au cycle de l’économie circulaire. Totalement liée dés la conception du produit manufacturé ou de l’exploitation des ressources naturelles à l’obligation de recycler au mieux les ressources et augmenter la duré de vie de nos objets.

le propos de PH. Bihouix est le suivant.

 

« Pour recycler au mieux les ressources et augmenter la durée de vie de nos objets il faudra les repenser en profondeur, les concevoir simples et robustes ( Ivan Illich aurait dit « conviviaux » ) , réparables et réutilisable, standardisés, modulaires, à base de matériaux simples, faciles à démanteler, n’utiliser qu’avec parcimonie les ressources rares et irremplaçables » avant d’ajouter : « Il faudra enfin mener une réflexion sur nos modes de production, privilégier des ateliers réimplantés prés des bassins de consommation , un peu moins productifs, mais plus intensifs en travail , moins mécanisés et robotisés, mais économes en ressources et en énergie , articulés à un réseau de récupération , de réparation , de revente, de partage des objets du quotidien ».(1)

 

Rien de tout cela ne ressemble au retour à un passé industriel aussi mythifié que pollueur. L’alter industrie qui pourrait nous éviter le pire exigera beaucoup d’innovations, mais distinctes de celles de l’hyper technologie, même si certaines technologies existantes ou à amélioré pourront y contribuer, notamment pour le volet de l’efficacité dans l’usage de l’énergie et des matériaux.

Au niveau de l’emploi cet article nous oriente vers la plateforme emploi-climat (1) , collectif d’une quinzaine de grandes associations et syndicat liés à des chercheurs , a publier en janvier 2017 un rapport intitulé «  un million d’emplois pour le climat » parmi les branches en expansion nous retrouvons en autres : les éco matériaux , le matériel de transport  et le les industries liées à la réhabilitation thermique des logements et bâtiments .

Une autre source (2) met en évidence les efforts liés à la protection de l’environnement comme de la fiscalité : ils peuvent être justes ou injustes. Quand les ultra riches émettent trente à quarante fois plus de gaz à effet de serre que les 10% les plus pauvres , mais que la taxe carbone actuelle pèse quatre fois moins sur les revenus des plus riches , l’injustice flagrante provoque le rejet massif des mesures imposées .

La gestion du projet architectural à un rôle précieux à jouée dans ce processus car la construction est un acteur majeur dans la gestion des ressources. Revendiquer la sobriété contre le consumérisme se révélera insuffisant si l’on ne précise pas quelles catégories sociales seraient invitées à modifier le plus leurs comportements au non de l’intérêt  général. Sur le plan de l’emploi, le défi serai de la sécurisation des parcours professionnels des salariés dont l’emploi actuel serait menacé . C’est à dire en finir avec le « productivisme » et le « téchnologisme » forcenés, qui finira par constitué finalement une perspective désirable par beaucoup.

 

  • « Le mythe de la technologie salvatrice », Esprit, Paris mars-avril 2017
  • W.W. emplois-climat.fr

Debout ! , 20 11 2018, http://blogs.alternatives-economiques.fr

GduBois Chatelet

« Les besoins artificiels Comment sortir du consumérisme » Razmig keucheyan , le résumé de G.D.B

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Razmig keucheyan «Les besoins artificiels Comment sortir du consumérisme»

 

Zones 09 2019

En France, plusieurs associations regroupées en collectif revendiquent l’allongement de la garantie (ou devoir de maintenance) Les amis de la terre, soutenus notamment par France Nature Environnement , halte à l’obsolescence programmée (HOP) et le réseau Action Climat , ont lancé une pétition réclamant l’extension de la garantie à dix ans .

Depuis la loi consommation de 2014, dite «Loi Hamon», le droit français fixe à deux ans sa durée minimale, conformément à une directive européenne de 1999. Auparavant, rien n’empêchait les constructeurs de la fixer par exemple à un an ou même six mois.

 

Le passage à dix ans – ou davantage- nous ferait basculer dans un autre monde. Il bouleverserait la production et la consommation des marchandises. Combinée à d’autres mesures, cette rupture du renouvellement incessant des ferait advenir une société plus soutenable sur le plan environnement.

 

Si une entreprise peut mettre un bien sur le marché et tirer bénéfice de sa vente, c’est qu’elle possède sur lui des droits exclusifs. De ceux-ci découlent en dernière instance les profits des capitalistes. Le mettre en question, comme la fait le mouvement ouvrier depuis ces origines, ouvrirait la voie à une autre organisation de l’économie.

Rallonger la durée de disponibilité des pièces détachées et ressuscité le secteur de la réparation ne sert à rien si les marchandises ne sont pas réparables, c’est à dire conçues pour pouvoir l’être . Or c’est de moins en moins le cas. Coller les composants ou les visser : ce simple choix entrave ou facilite le remplacement d’une pièce. Pour les structures dites « monoblocs », d’un seul tenant l’idées de composant disparaît : il n’y en a plus qu’un seul, à prendre ou à jeter, comme le montre l’exemple des phares automobiles. Les fabricants n’on nul besoin de pratiquer l’obsolescence programmée stricto sensu. Il leur suffit de concevoir des marchandises impossibles à réparer. C’est beaucoup plus simple et juridiquement moins risqué.

L’allongement de la garantie fournirait un levier pour la relocalisation de la production, sans laquelle la transition écologique n’a aucune chance d’aboutir. En effet, les produits à bas coût en provenance de l’autre bout du monde, à grand renfort d’émission de gaz à effet de serre, pourront difficilement satisfaire aux exigences d’une garantie décennale. On l’oublie souvent : la mondialisation marchande a pour corolaire une dégradation de la qualité des biens, ainsi que l’absence de garantie pour beaucoup d’entre eux. S’ils devaient couvrir leurs produits durant dix les industriels devraient contraindre leurs fournisseurs, nombreux et géographiquement dispersés, à leur procurer des composants de qualité.

 

 

Enfin, l’allongement de la garantie doit s’accompagner de l’affichage du «prix d’usage» qui , selon la loi Hamon , désigne « la valeur marchande associée à l’usage du service rendu par un bien meuble , et non la propriété de ce bien » . Le gouvernement de l’époque a confié cette expérimentation au bon vouloir des industriels, sans la rendre obligatoire.

 

Résultat : personne n’a entendu parler du prix d’usage. Il s’agit pourtant d’un outil étonnant. Le prix affiché d’un bien peut être modique, mais son prix d’usage élevé. Les deux varient même souvent en proportion inverse. Un prix bas masque vraisemblablement la piètre qualité des composants, et /ou – cela va généralement de pair – les conditions de travail désastreuses des producteurs. Le prix d’usage inclut les coûts cachés : ceux de la durée de vie limitée qui contraindra le consommateur à renouveler le produit à brève échéance. L’affichage d’un tel indicateur pourrait inciter les clients à payer plus cher à l’achat afin de s’épargner des frais élevés pendant le cycle de vie de l’objet.

 

 

 

Le calcul du prix d’usage dépend de la durée de vie «normale» du bien. Toute marchandise possède une longévité attendue, estimée à la conception et entrée dans nos représentations. Nous attendons qu’un réfrigérateur fonctionne plus longtemps qu’un smartphone – renouvelé en moyenne tous les vingt mois. Plus le produit est durable, plus son prix d’usage baisse, puisque le coût total de l’utilisation se divise par un plus grand nombre d’années. D’autres critères entrent en ligne de compte. Si une voiture vieillissante occasionne des frais de réparation de plus en plus élevés, le coût d’usage explosera.

 

L’affichage du prix d’usage doit s’accompagner d’une information précise portant sur l’ensemble du processus de production. Un nouveau type d’étiquette serait rendu obligatoire , indiquant les conditions de travail qui ont présidé à la production : salaires , temps de travail, respect de l’égalité femmes- hommes , etc ….On renouerait alors avec la tradition des labels syndicaux, qui attestaient jadis la présence de syndicats dans les usines ou les magasins . Lorsqu’il s’agit d’un bien durable, l’étiquette précisera également le coût estimé de son usage dans le temps , un indicateur qui renseigne sur la qualité des matériaux, et donc sur la soutenabilité environnementale .

 

A terme, la logique d’affichage du prix d’usage prépare les consciences à un basculement plus fondamental, que certains appellent l’économie de la fonctionnalité: on vend des usages, et non plus des objets. Je n’achète plus une voiture, mais du temps de conduite. En d’autres termes, il n’y a plus de transfert de propriété. C’est le principe de la location, généralisé à l’économie tout entière. La valeur d’usage devient alors hégémonique par rapport à la valeur d’échange.

 

 

 

Pour rendre concevable une transition de ce genre, il faudra encore affronter les forces sociales qui soutiennent la valeur d’échange. Elles sont puissantes. Dans cette perspective, l’économie de la fonctionnalité doit s’accompagner d’un projet politique à même de mobiliser de larges secteurs sociaux et , en premier lieu, les classes populaires.

 

La défense de la valeur d’usage contre la propriété privé forme le socle commun du socialisme et de l’écologie politique ; elle en constituera sans nul doute le point de départ.

 

Lien :

Loi du 17 mars 2014 relative à la consommation , chapitre II , section 1 , article 4 http://www.legifrance.gouv.fr

Signez la pétition «garantie dix ans maintenant», les Amis de la Terre , 24 10 2016, http://www.amisdelaterre.org

loi consommation de 2014 , dite «loi Hamon»

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« André Gorz une vie » Gianinazzi Willy , le résumé de G.D.B

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Gianinazzi Willy. 2019. «André Gorz une vie» La découverte , Editeur (14)

P.235:

1972 est l’année de toutes les alertes «celle de la prise de conscience planétaire , y voit l’an 1 de l’ère écologique».

A distance de quelques mois paraissent deux rapports d’experts très alarmants, que Gorz épluche en détail. Le premier, A Blueprint for Survival , dirigé par Goldsmith , est publié en Angleterre dans le numéro de Janvier de The Ecologist ; la version française , Changer ou disparaître , sort en volume aussitôt. Le second The Limits to Growth ( « les limites de la croissance ») , à été commandité par les patrons et financiers du Club de Rome . Traduit en français sous le titre Halte à la croissance ?

Il a un retentissement mondial . En simulant le développement planétaire pour les décennies à venir , ce rapport conclut à l’effondrement du système si rien n’est fait rapidement .

P.236:

Début juin 1972 , l’ONU convoque à Stockholm la première conférence mondiale sur l’environnement qui adopte le concept d’ « éco développement » forgé dans une optique planificatrice par Ignacy Sachs (celui , libéral , de développement durable en sera un avatar abâtardi).

P.242:

Avant tout, nous travaillons beaucoup moins puisque les produits beaucoup plus durables seront fabriqués en quantités plus petites.

La course au rendement, le travail abrutissant et affolant, les «cadences infernales» n’aurons plus de raison d’être . la semaine de vingt heures deviendra possible et «l’épanouissement intellectuel et culturel» (Mansholt) de chacun pourra et même devra devenir prioritaire, puisque la production de bien superflus et à usure rapide sera bannie. (…) Sicco Mansholt, du reste , parle expressément du «minimum vital assuré à tous», et c’est logique: le droit à un revenu ne pourra plus être lié à l’occupation d’un emploi (Le Nouvel Observateur 10 avril 1972).

Le dépassement du capitalisme reste en effet d’actualité à l’heure de la crise écologique.

Non pas que le système n’ait pas de ressources pour agir. Mais s’il est tout à fait capable d’intégrer les contraintes écologiques, c’est à son seul profil et pour maintenir, voire renforcer sa domination sur la nature et sur la société . La prise en compte de ces contraintes bute sur une fatalité , mais offre au capitalisme deux solutions.

P.243:

Elle à pour effet inévitable d’inhiber la croissance en pesant sur les coûts de production et sur le taux de profit, avec les conséquences sociales catastrophique que l’ont a dites- la crise énergétique qui bat son plein en 1974 entraîne ce genre de contrecoup. des mesures autoritaires et antisociales en vue d’imposer l’austérité sont alors à craindre . Mais du côté des solutions – envisagées par le Club de Rome -, cette prise en compte de la crise donnera naissance à ce que plus tard on appellera le capitalisme Vert , que Bosquet analyse comme la mainmise des groupes monopolistes sur les nouvelles activités de dépollution et de recyclage ; ce qui , prévoit, il induira, dans une direction productiviste inchangée, une relance du cycle d’accumulation fondé sur la capitalisation de la Nature elle-même, sur la subsomption par le capital de la totalité des facteurs et des conditions permettant la vie sur terre. La boucle sera alors bouclée ; la loi du profit qui envahi les dernières enclaves de la nature.

P254:

Au départ, la subdivision des tâches, comme le rappelait Marglin , avait pour but principal la domination ; mais uns fois instaurée, elle a entrainé la mécanisation, l’automation et , de façon irréversible, l’éclatement de la production en activités, au savoir spécialisé, qui ne valent que combinées. Plus que jamais, le «contrôle ouvrier» sur la production s’avère impossible ; comme il est arrivé aux conseils italiens et aux ouvrier de Lip, il ne peut que déchoir en simple gestion de la force de travail. Il faut s’y résoudre : le pouvoir ouvrier périclite à mesure que le capitalisme se complexifie par l’incorporation du savoir dans les machines (automatiques et cybernétique) et par la division du travail (micro-et macroéconomique).

Dans ces conditions, une autocritique s’impose : au bout du compte admet Gorz , l’hypothèse d’un capitalisme arrivé au stade ultime, celui qui promeut la figure de l’ouvrier polyvalent maîtrisant l’ensemble de la production, n’a été qu’une illusion «anarcho-syndicaliste» nourrie par Marx dans les Grundrisse et, à sa suite, par les théoriciens de la nouvelle classe ouvrière aux côtés desquels il reconnaît s’être rangé au milieu des années 1960 . Les capacités de l’ouvrier demeurent bridées par un travail parcellisé, quelconque et routinier. Les implications de cette constatation sont énormes. car si , dans un tel système complexe, « la classe qui , collectivement , développe et met en œuvre la totalité des forces productives, est incapable de s’approprier cette totalité, si elle «est devenue structurellement incapable de se rendre maîtresse de la production et de la société» (1)non seulement l’autogestion est impossible, mais la classe ouvrière n’est plus le sujet de la transformation sociale et il n’y a plus grand-chose à espérer de la lutte au sein du travail . Cela se confirme dans les comportements : les techniciens sont happés dans les stratégies managériales de l’investissement personnel et les OS ne se reconnaissent ni dans le travail «sans qualité» ni dans la classe ouvrière .

L’inversion par rapport à l’idée marxienne du prolétariat est complète. Non seulement le nouveau prolétariat postindustriel ne trouve plus dans le travail social la source de son pouvoir possible : il y voit la réalité du pouvoir des appareils et de son propre non-pouvoir. Non seulement il n’est plus le sujet possible du travail social , par la négation d’un travail perçu comme négation.

  • Les adieux d’André Gorz au prolétariat (entretien avec Michel Contat et François George).

André Gorz, lettre à D. P. 44. «la théorie menace toujours de devenir un carcan qui interdit de percevoir la complexité mouvante du Réel».

P.308:

Ponos, poiésis et praxis.

Dans la Crèce antique , ou l’on peut répartir les activités humaines en trois catégories étanches (pronos, poésis , praxis), il est cantonné à la sphère privée. Pratiqué par les esclaves, il est corvée par les femmes, besogne, dans tous les cas , associé au ponos à la pénibilité d’ou le substantif «travail» dérivé de l’instrument de torture du Moyen Age, le Tripalium, destiné aux récalcitrants. La deuxième catégorie correspond à la poésis , c’est à dire à l’activité «créatrice» des artisans qui ne travaillent pas mais oeuvrent en mêlant l’utile au beau, ce qui est déjà une façon de s’élever au-dessus de la nécessité.

Ponos et poéisis sont dévalorisés parce qu’ils désertent la seule spère qui compte , la sphère publique ou s’épanouit la praxis, c’est-à-dire ou les hommes libres s’occupent des affaires de la Cité et ont le temps de s’adonner à la skholé (l’otium des Latins), soit à l’étude ,au loisir et à la contemplation. En transposant le catégories péripatéticiennes , là est le «faire» instrumental assujetti à la nécessité matérielle, ici «l’agir» autonome jouissant de la liberté. ….. se distinguant des société de travail, la «polis» athénienne est le prototype occidental de la «société de culture» à laquelle Gorz aspire pour l’ensemble des humains . (2)

(2) André Gorz, Misères du présent, richesse du possible op.cit,p.131

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« Bernard Charbonneau »de Daniel Cérézuelle , le résumé de G.D.B

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Cérézuelle Daniel. 2018, «Bernard Charbonneau» Le passager clandestin, Editeur.

  • (L’écoumène, désigne l’ensemble des terres anthropisées, l’érème est la limite de l’écoumène)
  • «Décroissance» réactualisé en 2001 pour dénoncer l’imposture du «développement durable». il s’agit de mettre l’accent sur l’urgence d’un
  • constat : une croissance infinie de la production et de la consommation matérielles ne saurait être tenable dans un monde fini.
  • D. Cérézuelle mais en évidence le cœur du travail de B. Charbonneau

P.36:

«L’idéologie économiciste» qui colonise les esprits et entretient la fascination des modernes pour la croissance économique repose en grande partie sur occultation des coûts de cette croissance. Or, comme le développement est un processus multidimensionnel, Charbonneau a donc consacré une grande partie de son œuvre à l’inventaire et l’analyse des coûts du développement , tels que chacun d’entre nous en peut faire l’expérience ».

Ce principe de résonnement pourra donné à notre recherche une position solide dans l’argumentation et les donnés produite par le corpus opérationnel en seront le lien. Un autre paramètre social est mis en avant dans cette présentation P.37 à prendre en compte.

Charbonneau a consacré un ouvrage intitulé (Dimanche et Lundi, Denoël, 1966) la question du travail et des loisirs dans la société technicienne. Il ne s’y attarde guère sur la question de l’exploitation du travailleur en système capitaliste : pour lui cette critique du travail industriel a déjà été faite et relève désormais de l’évidence. Ce qui l’intéresse c’est de comprendre pourquoi la critique échoue à provoquer une amélioration du travail. Qu’elle se réclame des valeurs de gauche ou de celles de droite , la société moderne a hérité de la bourgeoisie la religion du travail et de la productivité, cette obsession a pour contrepartie la dépersonnalisation du travail, sans cesse accrue par son organisation au non de l’efficacité.

Pour Charbonneau «la division et l’organisation du travail, la dichotomie toujours plus stricte du manuel et du travail intellectuel, n’est pas le fait du capitalisme ou du socialisme , mais de la société industrielle, les nations les plus progressistes, ou les plus progressives – sont celles qui la pratiques le plus strictement» .

Ce n’est pas la bourgeoisie américaine ou la bureaucratie soviétique qui ignore l’homme, c’est un adversaire autrement redoutable : la logique.

Et c’est cette même logique de l’organisation qui favorise la prolétarisation des travailleurs du tertiaire et des cadres, prolétarisation acceptée et intériorisé grâce aux mirages de la consommation.

Nous trouvons dans cette analyse une piste de traité le projet architectural en totale dépendance de la ressource brute non transformée ainsi que la gestion du travail et également de son organisation sur le plan réellement humain. Nous pouvons comprendre que pour devenir cohérant dans une démarche éco-responsable dans l’acte de construire ce facteur humain est obligatoirement à prendre en considération sans aucun parti pris idéologique politique ou social.

P.86:

L’idéologie du travail, des Loisirs et de l ‘Emploi ne peut mener qu’à un désastre écologique et humain. Un seul moyen de l’éviter. Prendre la direction inverse, c’est-à-dire réintégrer dans le travail le part de nature et de jeu refoulée dans le loisir, et dans les activités de loisir,l’effort et le sérieux du travail .

Et bien entendu refuser l’emploi pour l’emploi, surtout pour les industries automatisées dites «de pointe» qui est une absurdité. Le progrès technique permet d’envisager aujourd’hui une économie ou la production industrielle automatisée n’aurait besoin que d’une main-d’œuvre peu qualifiée, fournie par un service civil de toutes les classes de la population. Au lieu d’envahir la totalité de l’existence , cette production mécanisée serait limitée à un strict minimum vital distribué gratuitement car payé en travail par ce temps de service . Ainsi tous ceux qui ne se contenteraient pas de survivre à ne rien faire pourraient se consacrer sans péril de misère, mais non sans peine ni risque à leur mesure, à des activités de l’esprit ou à un travail de leur goût, personnellement pratiquer en famille ou en coopérative.

Une double casquette dans la formation d’architecte, pourrait permettre une organisation du projet et de la phase chantier orienté vers cette approche dans l’organisation de la valeur travail et loisir. Ce paramètre humain pourrait être pris en compte dans la conception du projet architectural et sa mise en œuvre .

P.103:

En s’étendant à l’oekoumène et à une politique qui ne fait que traduire ses exigences, le marché façonne la vie et son environnement encore plus efficacement que ne le ferait une volonté totalitaire . Mais pas plus que le communisme, cette volonté-là ne sait ce qu’elle fait, surtout depuis qu’elle a perdu la tête et que les multinationales sont devenues des administrations impersonnelles. Car comme le communisme, l’économie est moins une science qu’une religion.

Par cette approche B. Charbonneau permet de mettre à plat les divergences possible entre la politique et les dogmes économiques. L’urgence climatique et la crise des valeurs sociales doivent devenir notre priorité et surtout dans l’acte de concevoir et de réaliser notre habitat.

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« Décroissance ou récession » de Paul Ariés , le résumé de G.D.B

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Ariés Paul . 2011, « Décroissance ou récession » Parangon /Vs , Editeur

Serge Latouche. P.35:

La décroissance est bien évidemment , une critique radicale du libéralisme, celui-ci entendu comme l’ensemble des valeurs qui sous-tend la société de consommation. Dans le projet politique de l’utopie concrète de la décroissance en huit R.

(Réévaluer, Re conceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler).

Deux d’entre eux, réévaluer et redistribuer , actualisent tout particulièrement cette critique . Réévaluer, cela signifie, en effet, revoir les valeurs auxquelles nous croyons, sur lesquelles nous organisons notre vie, et changer celles qui conduisent au désastre . L’altruisme devrait prendre le pas sur l’égoïsme, la coopération effrénée, l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée , le local sur le global, l’autonomie sur l’hétéronomie, le raisonnable sur le rationnel, le relationnel sur le matériel, etc. Surtout, il s’agit de remettre en cause le prométhéisme de la modernité tel qu’exprimé par Descartes (l’homme maître et dominateur de la nature) ou Bacon (asservir la nature). Il s’agit tout simplement d’un changement de paradigme. Ni plus ni moins !

La décroissance renoue avec l’inspiration première du socialisme, poursuivie chez les penseurs indépendants comme Elisée Reclus ou Paul Lafargue. La décroissance retrouve à travers ses inspirateurs, Jacques Ellul et Ivan Illich, les forces critiques de précurseurs du socialisme contre l’industrialisation. Une relecture de ces penseurs comme William Morris, voire une réévaluation du luddisme , permettent de redonner sens à l’écologie politique telle qu’elle a été développée chez André Gorz ou Bernard Charbonneau .

L’éloge de la qualité des produits, le refus de la laideur, une vision poétique et esthétique de la vie sont probablement une nécessité pour redonner sens au projet communiste .

P.38:

Parler dés lors d’une bonne croissance ou d’une bonne accumulation du capital ,d’un bon développement – comme, par exemple une mythique »croissance mise au service d’une meilleure satisfaction des besoins sociaux

– c’est dire qu’il y a un bon capitalisme (et par exemple vert, ou soutenable/durable) avec une bonne exploitation. Pour sortir de la crise qui est inextricablement écologique et sociale, il faut sortir de cette logique d’accumulation sans fin du capital et de la subordination de l’essentiel des décisions à la logique du profit . C’est la raison pour laquelle, la gauche, sous peine de se renier, devrait se rallier sans réserve aux thèses de la croissance (1) .Nous n’avons plus le choix qu’entre éco socialisme ou barbarie, entre décroissance ou éco fascisme .

(1) « Le socialisme de l’avenir, selon Gorz, sera post-industrialiste et anti- productiviste ou ne sera pas ». Les Chemins du paradis, Paris, Galilée, 1983, P.23.

P.40:

La société de croissance qui est la nôtre sur trois ressorts principaux : La contrainte au travail, l’obligation de travailler trop et l’incitation à travailler davantage. La contrainte naît de la valorisation sociale du travail et du devoir de travailler qu’elle fait peser sur les citoyens, enfin l’incitation naît de la volonté de consommer toujours plus. Le phénomène est d’ailleurs circulaire et cumulatif. A trop travailler, on se réfugie faute de mieux dans la consomation, comme pour se consoler du sacrifice de temps libre excessif que nous impose cette société sacralisant le travail.
(2) Baptiste Mylondo, « Le salaire du labeur. Souffrance au travail et consolation consumériste »2009 site http://www.mouvements.info

 

Mais en honorant docilement notre devoir d’achat, nous alimentons la surproduction et entretenons de la sorte notre frustration. Nous voilà ainsi enfermés dans cette pison dorée qu’est la société de consommation.

P.74:

Si nous en sommes arrivés là en ce début de XXIe siècle , c’est parce que nous n’avons pas cru à la catastrophe en cours, quand bien même l’alerte avait été donnée en 1972 avec le rapport « Meadows du Club de Rome ». Nous sommes dans l’urgence depuis quarante ans, peu en sont toujours conscients, et certains demandent que l’on cesse de la prêcher aux citoyens et aux jeunes , sous prétexte que cette « idée noire » les démoraliserait, les paralyserait ! Outre que ce point de vue psychologisant est sujet à discussion, le problème est que nous n’avons pas trop le choix, tous les signaux sont au rouge . L’horloge économique tourne et ne nous attend pas , le « jour de dépassement » tombe chaque année de plus en plus tôt. L’humanité est confrontée à une aporie (Une aporie est une difficulté à résoudre un problème. Contradiction insoluble dans un raisonnement. Pour Aristote, c’est une question qui plonge le lecteur ou l’auditeur dans le doute tout en le poussant à trancher entre deux affirmations : « απορία, διαπορια », c’est-à-dire « contradiction, embarras »)

Il faudrait qu’elle ralentisse, mais elle doit agir sans tarder !

P.87:

L’effondrement systémique qui se produit en ce moment n’est pas problématique :il est une opportunité économique et politique , les deux champs se confondant depuis la Révolution industrielle. Ce que l’étymologie nous apprend de la crise est mis en pratique par le oligarques : elle crée de nouveaux possibles, à savoir essentiellement de nouveaux possibles, à savoir essentiellement de nouveaux marchés(pour simplifier : le capitalisme vert) et de nouveaux outils (l’implémentation de recettes fascistes, cf. Naomi Klein).

Les différentes raisons que nous avons évoquées s’engrènent les unes dans les autres , elles font système.Elles ne pourront faire valoir leurs droits que si le monde économique reprend la place qui était la sienne avant l’avènement de la bourgeoisie technocratique- la logistique de l’aventure culturelle-et si le politique reprend l’initiative, ce qui veut dire non seulement qu’il refuse de continuer à n’exister que de manière vicariante (en écologie, la vicariance se dit lorsque deux ou plusieurs taxons occupent une niche écologique semblable dans des zones géographiquement séparées).

A travers le spectacle économique, mais également qu’il cesse d’être une caste professionnalisée qui parvient à se reproduire sans créativité et vision.

La pathocratie biocidaire (ourdie par ceux que les spécialistes appellent, afin de les distinguer essentiellement des psychopathes , les sociopathes) doit céder la place à une hygiologie orwelliens : L’alliance schizophrénique entre parti intérieur et le parti extérieur doit céder la place à la vitalité des proles.

(Dans le roman de 1949, Nineteen Eighty-Four, de George Orwell, les prolétaires constituent la classe ouvrière de l’Océanie. Le mot prole est un raccourcissement du mot prolétarien).

P89:

Les thèses de la décroissance sont-elles récupérables ? Bien entendu qu’elles le sont, par définition, comme toutes les thèses d’ailleurs. Puisqu’une thèse est l’affirmation publique d’une idée très générale dont on souhaite convaincre les autres pour qu’ils l’adoptent à leur tour. Cette adoption par les autres implique une approbation, donc une transformation, à moins, bien entendu, d’imposer cette affirmation de force et dans tous ses aspects, de manière à interdire toute interprétation particulière , mais c’est alors ce par quoi se définit une pensée totalitaire .

P.105:

La décroissance n’est pas l’acceptation résignée de contraintes écologiques, mais bien la formulation raisonnée d’un idéal de société. A l’inverse, nous assistons aujourd’hui à un désarroi idéologique profond, que ce soit à gauche ou à droite . La fin proche du pétrole, l’accroissement des inégalités conduisent à entrevoir un possible effondrement de notre civilisation. Dés lors, le risque de mise en place de politiques fascistes, voire éco-fascistes sera fort , et à la décroissance choisie se substituera une récession subie. La décroissance propose d’anticiper dés maintenant ces changement afin d’initier une transition qui ne peut être autre chose que le résultat d’un choix démocratique, avec une forte adhésion et participation à nos idées.

P.143 Les hérétiques comme les « apostolici » qui vers le XIIIe siècle parcouraient le nord de l’Italie, en annonçant la nouvelle ère, voulaient eux aussi une pauvreté volontaire et une vie pure. Un tel retour serait regrettable, car aujourd’hui il ne s’agit pas, n’en déplaise à certains « décroissants purs » , d’être ou de ne pas être « pur » ni de chercher une transcendance ou une ascèse, mais de résoudre les problèmes très concrets qui menacent la vis. La figure du prophète du malheur est absolument détestable et inutile, celui qui se promène en annonçant le désastre, la fin du monde, est aujourd’hui assimilé à l’écologiste décroissant, donneur de leçons, et il ne s’agit pas là d’un problème de communication, ni d’information, ni de prise de conscience. La tentation narcissique de n’être pas contaminé par le monde, de ne pas « participer au système » est ce qu’il faut commencer à oublier, si l’on veut que les critiques et les propositions, théoriques et pratiques, de la croissance et du développement alternatif, puissent jouer un rôle historique qui doit être le leur.

Les hypothèses dites du « développement durable » sont condamnées à l’échec, car au-delà de leur plus ou moins bon sens, elles gardent au centre de leur dispositif, la même structure de rapport entre une humanité sujet et un monde objet.

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Créer et Produire de l’architecture vernaculaire avec l’outil robotique.

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Le dictionnaire indique que le terme « vernaculaire » provient du latin vernaculus , qui signifie « indigène, domestique » verna désignant « l’esclave né dans la maison ». Reconnaître les cultures vernaculaires, ce serait donc d’abord rendre aux peuples réduits en esclavage leur place dans la maison commune de l’histoire des hommes

Les robots industriels en quelques chiffres !

La France compte 42 000 robots dans ses usines, selon le rapport « World Robotics 2020 Industrial Robots » présenté par la Fédération internationale de robotique, soit une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente. L’industrie client la plus importante est l’automobile avec une part de 40% des installations en 2019. La France fait partie des trois premiers utilisateurs de robots industriels au sein de l’Union européenne : le stock opérationnel de l’industrie, d’environ 42 000 unités, est « environ le double du stock du Royaume-Uni qui compte 21 700 unités », fait savoir le rapport. Le principal pays utilisateur de l’UE reste l’Allemagne, qui dénombre un stock opérationnel d’environ 221 500 unités – soit environ cinq fois le stock de la France – suivi de l’Italie avec un stock opérationnel de 74 400 unités.

[fusion_one_page_text_link link= » » class= » » id= » » open_settings= »true »] [/fusion_one_page_text_link]Le passé devient intéressant et se déploie comme une base de données d’informations précieuses lorsqu’on le confronte aux questions de l’actualité et aux priorités du présent qui sont à nos yeux :

« L’harmonie des sociétés humaine et le rapport de celle-ci à la nature. »

Les « nouvelles architectures vernaculaires » sont collectives. Pour créer des abris, des espaces, elles recourent à des compétences spécialisées d’homme de métier d’ingénieurs et d’architectes, mais mobilisent surtout la capacité de coopérer au sein de ces sociétés qui se construisent en bâtissant. Ces « nouvelles architectures vernaculaires » recourent aux matériaux disponibles en abondance et à faible coût ; elles réemploient et recyclent. Ainsi par exemple, Simon Vélez qui a développé une expertise exemplaire dans la construction en bambou, met en valeur « le bois de l’homme pauvre » « le bambou ».

Simon Vèlez architecte colombien tire explicitement les leçons de l’architecture vernaculaire lorsqu’il se définit comme un architecte de toitures :

« Je projette le toit en premier, ensuite seulement je me préoccupe de ce qui est dessous .Les toits doivent faire face aux conditions météorologiques et sont toujours un miroir des cultures dont ils sont issus .Il est malheureux que le toit à deux pans ait été disqualifié par le succès du mouvement moderne et soit devenu un symbole de l’architecture pittoresque. Frank Gehry est aussi, dans une certaine mesure, un architecte de toitures, le problème est que chez lui, on ne sait jamais ou finissent les toits et ou commencent les murs. Du reste je fais exactement le contraire, jamais je ne projetterais un plan compliqué.

Mon architecture est une architecture des tropiques. Dans un pays ou il pleut beaucoup, il faut construire des toitures avec de grands avant-toits, comme on les voit dans l’architecture chinoise ou indonésienne. La découverte de l’architecture indonésienne a été décisive dans ma vie, j’ai été frappé par ces énormes toits de bambou lancés sans aucune inhibition. Influencé par le Modulor de Le Corbusier, j’avais toujours pensé qu’un toit ou une pièce ne devait pas dépasser une certaine hauteur. Mais en Indonésie, des hommes pauvres construisent eux-mêmes des toits qui culminent à 10,15 mètres !

C’est une geste de culture, une sorte d’exhibitionnisme sans vanité. »

Florance Sarano, Tyin, Ana Heringer, groupe de jeunes architectes qui on créées BASE habitat nous disent également ceci.

« Le choix d’un matériau de construction ou d’une forme a des conséquences au plan économique, environnemental et social. La tendance forte au niveau global est d’imiter le mode de vie occidental, ce qui fragilise les cultures endogènes et augmente leur dépendance à l’égard des marchés extérieurs. Je crois qu’il est important de se concentrer sur le potentiel existant et les avantages qu’il offre. Pour moi, cela me semble la stratégie de développement qui a les meilleures chances de succès. »

Florance Sarano, Tyin, Ana Heringer, « construire ailleurs » Villa Noailles, 2010.

Nos volontés et nos démarches avec cette proposition de maison en kit G.DU.BOIS sont les suivantes :

L’auto construction et « l’architecture vernaculaire nouvelle » fait face à deux problèmes essentiels qui sont les normalisations de construction et de qualification en général qui peuvent bloquer la validation de celle-ci auprès des organismes d’assurance.

Avec cette structure en kit et conforme au normes de calcul ( en cours de validation avec le FCBA de Bordeaux) nous pouvons répondre aux pertinences de la construction vernaculaire en liant celle ci avec une composante totalement normée. La production robotique devient à ce moment de la construction une étape qui garantit ces éléments. Le client est l’acteur de cette future construction et permet aux autres corps d’état locaux de greffer leurs compétences et leurs assurances professionnelles à la suite de ce gros œuvre normé en utilisant une ressource et des techniques locales.

Dans une étape prochaine nous pourrons produire en collaboration avec d’autres acteurs de maitrise d’ouvrage ou de maitrise d’œuvre et envisagé la conception de nouvelles typologies d’architectures plus complexes, tout en restant dans un processus « d’architecture vernaculaire actualisée ou nouvelles »

Le collectif G.DU.BOIS Paris le 13 11 2021

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« Il y a un esprit de la matière formé par un être vivant qui mémorise dans sa structure la forme de sa vie. Symboliquement, c’est comme si un sculpteur produisait une œuvre qui contiendrait sa propre nécessité à chaque moment de sa vie . »

Sève et pensée BNF Editions . 2021

Patrick Bouchain

« J’ai toujours pensé que la matérialisation de l’architecture n’a pas lieu au moment où elle se dessine, mais au moment où elle se construit. Sinon, elle n’a pas de sens.

L’architecture vernaculaire, née sur place , façonnée par les contraintes, est par définition plus contextuelle. Sa force en même temps que sa fragilité, vient du fait qu’elle se situe dans la permanence et non dans l’événement . » [/fusion_text][/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]